vendredi 11 novembre 2011

Goulotte Escarra, Chardonnet



17 Aout 2011, Pilier du Freney : La petite écaille dans laquelle j’ai mis mon dernier friend viens de casser sous mes pieds. C’est le vol, la chute … 20 m !
Grosse frayeur pour mon compagnon de cordée, petit tour d’hélicoptère et … une fracture de la vertèbre cervicale C2.
2 mois d’arrêt, 2 mois de minerve, 2 mois sans toucher ni prise ni piolet. C’est long, mais avec la chance que j’ai eue je ne me plains pas trop !

La nuque encore un peu raide, mais quel plaisir d'être en montagne.

10 novembre 2011, la rééducation se passe bien, l’anticyclone de cet automne est tentant, l’envie de retourner en montagne est trop forte.
 Mon père Olivier Bletton et son copain Vincent Thiebaut sont d’accord de m’accompagner pour une reprise en douceur.
Objectif : la goulotte Escarra  au Chardonnet.

Goulotte Escarra le 11/11/11 

Le refuge est bien bondé en ce Week end prolongé, mais qu’importe. Ces lumières, cette ambiance, ces moments sont presque magiques.

Olivier dans la première longueur.

Pas de course à la performance mais une belle et longue journée dans ce super terrain de jeu.
Même l’approche compliquée et crevassée, même les conditions « casse mollets» avec de la glace noire sous une fine couche de neige fraiche ne changent rien au bonheur simple d’être en montagne.

 Olivier dans la dernière longueur.

mardi 12 juillet 2011

Mont Aiguille, Voie des étudiants.

Le Mont Aiguille est une superbe dent calcaire située à l’extrémité orientale du massif du Vercors, à la limite du trièves.
La conquête de ce sommet de 2087 m est considérée comme la naissance de l’alpinisme. Le 26 juin 1492, sur ordonnance du roi de France Charles VIII, Antoine de Ville en fait la première ascension. Exploit pour l’époque cette aiguille est gravie en style lourd, après préparation de la montagne, à grand renfort de cordes fixes, échelles métalliques et tout autres artifices.
Si on demande a quelqu’un ce qu’il s’est passé de marquant en 1492 et qu’il répond, avant la découverte de l’Amérique, l’ascension du Mont aiguille, il possède très certainement une excellente culture et doit assurément être passionné de montagne !

Aujourd’hui il existe de nombreuses voies d’escalade libre qui permettent d’atteindre ce superbe sommet.
Avec Clara Matera, notre choix s’est porté sur la voie des étudiants : 200 m de terrain d’aventure en 6a obligatoire et 6b max.
Cet itinéraire bien raide et en rocher plus que correct est partiellement équipé, ce qui permet de grimper dans une superbe ambiance gazeuse , sans se mettre trop terreur !
Il faut néanmoins le matos pour une voie en terrain d’aventure (marteau, pitons, 1 jeu de câblés, quelques friends, et des sangles).
7 longueurs (5b, 5b, 6a, 6b, 4b, 6b, 5c) en un peu de marche dans des éboulis faciles pour atteindre sur le magnifique plateau sommital.
Un petit bisou au sommet et on redescend par la voie des tubulaires.
Un itinéraire assez montagne avec de la désescalade et des longs rappels de 50 m. Encore une belle journée de plein air !

mercredi 29 juin 2011

Hypercouloir du Brouillard

Décidément cette année, la météo nous réserve de belles surprises ! En effet après notre hiver anticyclonique, voilà un mois de juin très perturbé.

La bonne nouvelle c’est qu’en altitude la neige s’est posée en quantité. Ainsi selon les conseils de Damien Tomasi, qui était en face Sud du Mont Blanc pour son Stage de guide, nous voulons monter au petit bivouac Eccles pour grimper une goulotte et sortir au Mont Blanc.



Après une première nuit au refuge Monzino en guise d’acclimatation, nous partons tôt le matin pour Eccles. La face sud se dévoile, de magnifiques lignes de glace très raide se dessine pour sortir sur l’arrête du Brouillard. Nous passons le reste de la journée à alterner entre sieste et alimentation.

A minuit, le réveil sonne, nous constatons avec joie que le regel tant espéré est là. Du coup pas le temps de traîner, il faudra sortir des difficultés avant le soleil pour éviter les chutes de pierres. Ainsi après une demi-heure d’approche, j’ attaque la première longueur. Celle – ci nous donne le ton de la voie, de la grimpe raide sur de la glace très aérée, voire même de la neige collée, offrant très peu de protections…


Nous poursuivons, Seb ratel passe en tête pour quelques ressauts, dont un en particulier qui lui laissera quelques émotions…

 Enfin Didier Jourdain se paye la dernière longueur très raide et nous débouchons dans la partie moins raide sous l’arrête du Brouillard.

 Le soleil se pointe juste mais nous sommes dans le bon timing, l’arrête nous temps les bras… Après encore trois heures d’effort sur cette magnifique arrête perchées à plus de 4000m,

nous sortons au sommet du Mont Blanc.

Le temps est magnifique, nous sommes quasiment seul au sommet, le sourire est gravé sur nos visages : la joie simple de partager ses moments forts en montagnes !

mercredi 15 juin 2011

La plus belle voie du verdon ?

La discussion se déroule au café, entre grimpeurs :


" T’as vu il y a une nouvelle voie qui vient d’être équipée au Verdon. Il parait qu’elle est majeure. Graou pense même que c’est la plus belle du Verdon dans ce style. "


" Ah ouais, elle est ou cette voie mythique et c’est quoi comme style ? "

" La voie a été terminée il y a tout juste un mois par L. Catsoyannis. Elle est juste à gauche de l’offre et n’a pas encore de nom. Le style c’est : 1/4h d’approche, 1/2h de descente à pied et 13 longueurs entre 6b et 6c+ sur un rocher tout neuf et dément… "


Comme les grimpeurs sont souvent très forts au bistro pour raconter de jolis histoire ;) il fallait allez voir tout ça en vrai !Et en effet, la voie est mythique, démente, ou tout autre superlatif. Très homogène sur un rocher parfait. Sans être trop difficiles il faut se concentrer dans toutes ces superbes longueurs.


Accès :

• Depuis le parking du sentier Martel.

• On sort du premier tunnel par la deuxième fenêtre

• Descendre en direction du verdon sur 20m (corde fixe). R0 est à droite sur 2 plaquettes dorées

• 2 longueurs de 6a en traversé au dessus du verdon


• 7 longueurs entre 6b et 6c+


• Traversé à droite sur 30m (vire dans les buis)

• 3 longueurs en 6b/6c


• Descente en 30 min par les dalles grises (suivre les cairn)

• Topo : voir tracé rouge sur la photo !

Le Verdon étant le paradis pour les grandes voies, la suite du séjour a été l’occasion de répéter de belles classiques :

 " Série limitée " dans la paroi des ducs (Juste en face de la nouvelle voie mythique)



 et la fameuse voie en terrain d’aventure " L’estanporannée ".

Coup de chapeau aux ouvreurs qui en 1974 n’avaient pas des gros friends comme nous, mais un bon mental d’acier pour remonter cette grosse fissure offwidth teigneuse.

lundi 16 mai 2011

Weekend Callanques

Calcaire blanc de rêve, mer turquoise et grand soleil au programme.



La traversée de la commune est dans le plus pur style calanque. En 6a max et bien équipée, cette voie au dessus de l’eau est parfaite pour une grimpe plaisir !

On se régale dans son tracé astucieux : en traversé, en désescalade et même à travers un boyau.


Le mistral assez fort du dimanche nous prive d’une autre traversée au dessus de la mer agitée. Mais le massif est immense, le terrain de jeu très varié.

Direction une voie abritée du vent dans la face S de la grande candelle.

 La cheminée buisson est dans un style plus " montagne " avec une belle approche et un rééquipement dans le style de l’ouverture. Trois longueurs variées et magnifiques pour finir le week-end en beauté.

vendredi 22 avril 2011

Vipère au pied

Parce que la montagne ce n’est pas seulement avoir faim, froid et mal aux pieds, voici le récit d’une bonne journée de grimpe au soleil, entre amis.
Lambert Galli ( à gauche) n’avait jamais fait de grandes voies et Raphael Casadeï  pas depuis 2 ans ! Notre choix c’est donc porté sur « vipère au pied », une belle voie de 250 m à Barberine. En 6b max, le rocher y est excellent et l’équipement très bon.
La première partie de la voie (4 longueurs que l’on peut faire en 2 grandes avec une corde de 50m) remonte une superbe dalle. Idéal pour reprendre confiance dans la pose des pieds.
 On traverse ensuite une vire sur 20 m (marquage bleu) pour arriver devant un mur plus vertical et plus prissu.

Deux très belles longueurs de 6a ou 6a+ nous amènent à une autre vire qu’on traverse à droite pour arriver au pied de la magnifique 9 eme longueur. Dalle, Dulfer, Dièdre… pour un 6b très varié et pas donné.
Encore une traversé en 3 vers la gauche pour arriver à la dernière longueur. Un très beau 6a+.

Au final 11 longueurs très jolies dans un rocher parfait. Les puristes pourront regretter la présence de vires qui enlève le côté gazeux, mais c’est d’autant mieux pour les néophytes des grandes voies ou ceux que le vide impressionne un peu !
Il reste 20m dans les gradins et nous descendons à pied en 30 minutes par le chemin qui mène au site spotif de Gietroz.
Une belle classique, de la grimpe plaisir dans un cadre magnifique… à faire !

mardi 12 avril 2011

La passion dans l'âme


La dent de crolles est bien visible depuis l’A41 entre Albertville et Grenoble. Bon nombre d’entre nous ont déjà effectué ce trajet avec les yeux rivés sur ces belles parois calcaire qu’offre la chartreuse.  De réputation, le rocher de cette face Est est bien moyen, mais son ambiance nous attirait fortement ! Après un bon entrainement « big wall » sur le magnifique gneiss du mont Poï, nous nous sentions prêt avec Thomas Arfi, JB Deraeck à en découdre avec ce rocher brisé, ces écailles branlantes et ce gaz de dingue !
Toto remonte aux jumars la 5 eme longueur, plein gaz !
Notre choix c’est porté sur la voie «La Passion dans l’âme ». Ouverte en 2001 par Gaël Bouquet des Chaux et Ben Perrette, cet itinéraire mixte libre/artif côte ED (6c+/A2+) sur 350m.
En plein exercice d’artif dans L4 : A2/6b+

Profitant des beaux jours du printemps, nous avons parcouru la ligne les 6/7 et 8 avril derniers.
Alors certes le rocher n’est pas tout le temps béton, certes les longueurs d’artif prennent du temps,
mais quelle ambiance… La 5 eme longueur qui franchit la grande arche jaune en plein coeur de la face est simplement mythique !
Jib dans la fameuse 5eme longueur qui franchit la grande arche en A2+
Trois  jours de bonne humeur entre amis à jouer dans le terrain des base-jumpers et parpantistes,
Photo de 3 grimpeurs perdus dans la 6 eme longueur, prise par Julien Senzier, moniteur de parapente qui est venu nous faire un coucou avec sa voile !
deux nuits dans les portaledges avec  une superbe vue sur Crolles et Grenoble illuminés
et un bel itinéraire à répeter , à vous !
Toto, Tonio et Jib a R14, dernier relai sur la croix sommitale !


Tacé de la ligne

vendredi 11 mars 2011

Vertical Jungle Kenya 2011

« Hey les copains, ça vous dirait de partir en expé au Kenya pour un trip Alpi/big wall ?? »
C’est de Jb Deraeck que vient l’idée. Avec l’enthousiasme qui le caractérise il réussit à nous convaincre de partir au plein milieu de l’hiver. Nous sommes 5 copains sur le projet : Dimitri Messina, Simon Duverney, Thomas Arfi, Jean-Baptiste Deraeck et moi même. Tous issus du Caf excellence Alpinisme, on partage la même passion pour les parois raides, la découverte et les voyages. Alors c’est parti le 23 février dernier pour ce trip de grimpeur alpinistes ou alpinistes grimpeurs !
Expédition décalée, destination originale et pas un jour du voyage sans un bon fou rire.
Notre premier objectif est la face Est du Mont Poï (2050m). Un superbe big wall perdu en pleine savane, à 800 km au nord de Nairobie. Notre choix est de répéter la voie slovène « Story about dancing dogs ». Cet itinéraire de 600m avec 21 longueurs entre 6a et 7c+ est entièrement équipé sur spits de 8 et n’a connu avant nous que 3 ascensions dont celle de Kurt Albert (ce qui laisse présager de sa qualité).
L’approche du Mont Poï avec le tracé de la voie slovène et les bivouacs.

Les patates sont bien remplies avec 5 jours de nourriture, 80 l d’eau, le matos de bivouac et 3 portaledges.
Le hissage de ces sacs affectueusement appelés « les cochons » pendant les 4 premières longueurs en dalle est assez sportif !
Puis l’escalade devient bien verticale avec un gneiss excellent, rempli de petites réglettes d’une phalange.

Dans la 8 eme longueur en 7a+.
Notre stratégie est la suivante : Une cordée de tête (Dim et moi) essaye de libérer à vue un maximum de longueurs  et flash la cordée de 3 (Jb, Sim et Toto) dans les longueurs les plus délicates (2 *7c+, 1*7c et 3*7b+).
L’ambiance est superbe, l’entente dans le groupe au top et les bivouacs dans les grottes sont déments. La chaleur du matin au soleil est étouffante, les 40 ° nous obligent  à trainer au lit dans les ledges jusqu'à 10h et attendre l’ombre de l’après midi pour grimper. Mais comme  on est « autant fainéants que grimpeurs » dixit Dimitri on s’en accommode bien !
2eme bivouac à R10 dans la grotte quatre étoiles.

Notre stratégie fonctionne pas mal car toutes les longueurs sont enchainés à vue ou flash par au moins un membre de l’équipe.
Nous voyageons 4 jours à la verticale dans cette paroi, avec un dernier bivouac d’anthologie au sommet.
 Jb se paye le luxe d’un vol en parapente et 15 minutes après avoir décollé du sommet il se pose au petit village au pied du Poï.
Il nous faudra 10 h de descente sans chemin et dans les buissons épineux pour rejoindre notre copain belge qui nous accueil avec son sourire habituel et un tonitruant « c’était dément ! »

Acte 2, nous quittons la chaleur oppressante pour la haute montagne et les 5200 m du Mont Kenya. A nous la fraicheur, la végétation et un panorama de dingue sur ce sommet qui est le seul à des kilomètres à la ronde.
Avec notre calme et notre patiente légendaire nous faisons l’approche depuis Ngurunit (1800m) jusqu’au camp de base (4300m)  en une journée.  Même en Afrique les phénomènes d’acclimatation restent les mêmes. Mal de tête généralisé pour toute l’équipe, qui nous oblige à rester un jour au camp de base pour se reposer et repérer notre objectif : Diamond Buttress.
Camp de base du mont Kenya.
Le mont Kenya n’est pas un sommet unique mais un ensemble de plusieurs pics. Notre voie sort sur le plus haut : le Batian (5199m) et la descente s’effectue par la voie normale du Nelion (5188m).
Nous partons donc le surlendemain de notre arrivé au camp de base, à 5h pour cette ligne qui longe à gauche le fameux Diamond couloir. Surement la voie glacière la plus dingue du monde car située en Afrique, elle n’est pas du tout en condition en cette fin de saison.
Diamond buttress est un itinéraire magnifique. Coté ED, le rocher est excellent sur 500m. Entièrement en terrain d’aventure, on trouve seulement quelques pitons dans la voie.
Notre équipe est habituée à ce genre de terrain, où le granite fissuré ressemble à celui de l’envers des aiguilles.
Toto se régale dans les beaux murs fissurés de Diamond Buttress.

Toutes les longueurs de 6a/b sont enchainées vite fait. Le pas de 7a/A0 est libéré et nous nous prenons tous dans les bras au sommet du Batian à 15h.
L’équipe au sommet du Mont Kenya.

Il nous reste la magnifique traversé jusqu'à la pointe Nelion ou nous attend notre bivouac quatre étoiles : une petite cabane de tôles (montée en 13 aller-retours depuis le camp de base !).
Sommet de la pointe Nelion (5188m), avec la pointe Batian (5199m) en arrière plan.


Sentiment excellent d’être 5 copains, seuls au monde sur le 2 eme plus haut sommet d’Afrique. Ambiance irréelle du soleil qui se couche à l’horizon et qui éclaire d’une lumière fantastique les nuages qui nous entourent, notre cabane et nos sourires !
Une « nuit » à 5200m sans acclimatation nous fait redescendre de notre petit nuage et nous sommes bien contents de rejoindre en une longue journée de descente d’abord le camp de base et ensuite la civilisation. La petite ville d’Ngurunit ou nous attendent un bon mix poulet/frites/bières pour fêter comme il se doit ce beau voyage.
C’est le problème des expés, quand on commence à y gouter, impossible de s’arrêter…les destinations qui nous font rêver sont déjà évoquées dans l’avion qui nous ramène en France.
Groenland, Chine, Pakistan, Patagonie… c’est sûr qu’avec une bonne équipe comme ça on va repartir au bout du monde pour grimper ces parois mythiques ! à suivre.