dimanche 20 juillet 2014

Changeons d'approche



Chamonix est la capitale mondiale de l’Alpinisme. Les nombreuses remontées mécaniques vous portent en altitude en un éclair. La haute montagne devient un terrain de jeu à portée de main. L’exceptionnel accessible. Les avantages de ce Disneyland de la montagne sont indéniables. Il est possible de se régaler du granite en face Sud de l’aiguille du midi, comme si on allait en couenne entre copains. Mais les inconvénients sont aussi présents. Entre le 14 juillet et le 15 aout, la fréquentation bat son plein dans les rues de Chamonix mais aussi dans les montagnes alentours. Ce rêve de granite peut alors virer au cauchemar lorsqu’il faut faire la queue le matin pour prendre la benne, faire la queue dans la voie, faire la queue pour redescendre en téléphérique, faire la queue au bar pour boire une bière… La montagne sauvage, l’isolement que l’on recherche parfois s’éloigne un peu.
Avec Ena et Thomas, nous cherchions une autre approche. Quelque raisons métaphysiques : ne pas payer pour accéder à la haute altitude, avoir un impact écologique limité sur notre mère nature… En vrai, nous voulions juste être tranquille en montagne, loin des foules !



1er acte à la maison. Nous choisissons l’arête NE de l’aiguille de l’M, un vrai classique. Mais pour changer un peu notre approche, nous partons à pied depuis la maison des Praz.


 Il faut quand même bien 3h pour atteindre le pied de l’arête (en passant par le montenvers). Ensuite ces 200 m de superbe escalade à l’ancienne nous occupent 3h. Nous prenons le temps. Pas de course à la performance mais un régal de granite avec une ligne logique et très peu de protections en place jusqu’au sommet de l’aiguille de l’M (2844m).







La descente, d’abord par la voie normale, puis par le couloir de la buche est assez « montagne ». Il ne reste plus qu’a descendre jusqu’au village de Praz (4h depuis le sommet). Les pieds un peu usés mais le sourire aux lèvres, nous finissons notre journée « zéro pollution » par aller boire une bière aux rhodos… à pied ;)



2eme acte. L’impact écologique en prend un coup car nous décidons de rouler jusqu’en suisse. 1h15 de voiture pour Chamonix-Champex. L’objectif est la traversée des Ecandies. Le topo la vend comme « Une chevauchée fantastique entre ciel et terre, en pleine nature sur un cailloux remarquable. »


La marche d’approche dans le magnifique vallon d’Arpette nous réveille en douceur. Il nous faut 2h30 pour atteindre le pied de la traversée Sud-Nord des Ecandies. Pas de téléphériques, encore moins de monde… on est bien en montagne. Le rocher est vraiment beau dans cette traversée qui monte et qui descend entre ces gendarmes de granite. 






En 2h30 nous sommes au sommet sud des Ecandies (2850m). Un itinéraire très ludique voir fun avec le passage du « saut de l’ange ». Quelques rappels et un peu de désescalade par des vires nous ramènent dans le beau vallon que nous redescendons jusqu'à la voiture (2h30 depuis le sommet). Aucune cordée rencontrée un 19 juillet, du soleil et du granite quatre étoiles et le sourire pour tout le monde : Mission accomplie.



Pour conclure, si la foule estivale vous fait peur et que vous recherchez un peu d’isolement et d’aventure, sachez que même dans le massif du Mont-Blanc, il existe des solutions, en cherchant un peu et en changeant d’approche. A bon entendeur…

Matériel  (pour les 2 courses) :
-       1 brin de corde à double de 60m.
-       1 jeu de camalots du 0,4 au 2.
-       1 petit jeu de coinceurs.
-       6 dégaines.
-       Crampons et piolet léger en fonction de conditions.
-       Topo : « Sommet du Mont-Blanc, les plus belles courses de Facile à Difficile, Laroche-Lelong ».