vendredi 18 janvier 2013

Couloir Deprofundis intégral - Face N Mont Pécloz



Mon Chauvinisme en a pris un sacré coup ! Le plus beau couloir des Alpes françaises ne serait peut être pas à Chamonix !! Déception, défaitisme, déprime…
Royaume des grandes montagnes, capitale mondiale de l’Alpinisme, Mecque des couloirs vertigineux… rien à faire.
Pour trouver des lignes de fuite de dingue, des passages à 50° et 2m de large il faut regarder vers les massifs calcaires. Il faut descendre en des endroits peu fréquentés, presque coupés du monde sans aucune télécabine ! berk.
Et oui, il faut se tourner vers les Bauges, du côté de la face Nord du Pécloz. Il fallait avoir l’oeil et l’audace d’aller trainer ses spatules dans ce « Deprofundis ». Chapeau maître Tardivel pour la première à ski en 2004.

A couloir exceptionnel, équipe de choc !
Un peu comme l’agence tout risque, chacun à son rôle à jouer, sa spécificité.


Honneur à l’investigateur du projet : Thomas Gautheron. En plus d’être un très fin skieur, on lui doit les belles photos de ce post. C’est un grand honneur car il ne sort la boîte à images qu’en de très rares occasions. Il se rit de la pente tel un chamois (son animal totem) et arrive à shooter dans les situations les plus périlleuses.


Simon Valque est aussi de la fête. Il s’est fait une spécialité d’attacher ses skis sur son sac à dos le plus en vrac possible. Son but est de les taper ensuite dans la tête de ses partenaires de cordée. Après un essai non transformé dans ce même couloir l’an dernier avec Thomas, il est remonté à bloc pour en découdre avec ce « Deprofundis » et envoyer la poudre.


Jeremy Janody est un peu le chef d’expé. C’est presque un local vu qu’il parle le patois baugien couramment. Il a une liste de croix à faire pâlir tout le petit monde de la pente raide (sauf Tardivel bien sûr), ce qui ne l’empêche pas de nous faire rire toute la journée avec d’innombrables calembours et mots fins. En plus de tout ça il est en train de monter un film digne des nuits de la glisse (les gros hélicos en moins) sur cette journée mémorable.



Et votre pas si humble narrateur qui a pour missions:
  •  De faire la trace dans 1m de poudreuse avec ses jambes de moins d’1m.
  •  De planter des pitons, alors que c’est rigoureusement interdit.
  • De digérer son amertume sur le fait que le plus beau couloir du monde n’est pas à Chamonix.
  • D’encaisser les moqueries de la part des 3 autres copains crétins sur le sujet.




L’itinéraire est très astucieux et bien sympa même à la montée.


Après 300 m peu raides dans le couloir, on évite la cascade de glace verticale par un passage de mixte où la corde fixe (en place) facilite bien le boulot. Il faut ensuite traverser à droite dans de la neige posée sur des dalles de calcaire, puis faire un rappel de 30 m sur arbre qui nous repose dans le couloir.




On se relaye pour faire la trace, on châle, on châle (on s’enfonce péniblement dans une couche de neige profonde, pour les incultes qui ne parlent pas Chamoniard).


On arrive au passage de la chatière, intelligente vire vers la gauche qui nous sort du couloir pour nous amener au pied du « Deprofundis »


Cette diaclase est un bijou. Moins de 2m de large et raide à quasiment 50°. Le rocher affleure au milieu… aïe aïe aïe … ça va pas passer intégralement à ski.


Nous voilà au passage du « M ». On redescend un petit couloir, on en remonte un puis on en redescend encore un. Un peu comme les pattes d’un « M » d’ou le nom, hein Simon ;)


On prend pied dans la grande faille du Pécloz. L’heure tourne et on est un peu entamés par la trace dans cette belle poudreuse. On s’arrache pour arriver au sommet de cette grande balafre. Il est 14h30… On est partit à 7h30 de la voiture et il reste la descente qui n’est pas une tasse de thé.


La grande faille est super plaisante à skier, mais on ne plaisante pas trop car la peuf glisse bien sous les pieds.


Le passage du « M » à la remontée fini d’achever nos petites cuisses et nous voilà dans le « Deprofundis ».


Pas facile de déclencher les virages dans un couloir de 2m avec 1,80m au pied ! Un petit rappel est nécessaire pour passer le ressaut rocheux et on peut enfin lâcher les skis sur le bas de l’itinéraire.


La chatière est bien exposée mais facile à skier. Il nous reste à trouver le rappel de la cascade (équipé de 2 pitons en rive gauche), le descendre skis aux pieds (30m).


La partie basse est moins raide, plus large et donc vite négociée. La piste forestière nous fait glisser doucement jusqu'à la voiture.

17h30. Soit 10h pour faire l’aller/retour. C’est sûr que pour 1200m de dénivelé, Kilian Jornet est un poil plus rapide que nous.
On s’en fiche pas mal et c’est le sourire aux lèvres et la bêtise en nous que nous allons boire une bière pour célébrer cette journée démente.


Tonio.

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