mardi 18 mars 2014

Intégrale de Peuterey en hiver



Ca commence comme ça l’histoire… Et c’est tellement plus facile de fanfaronner depuis le canapé !


  •         « Salut Seb, bien l’Espagne ? T’as croité un peu ?? T’as vu le créneau de beau pour la semaine prochaine ??? »

  •         « Ouais Tonio c’est nickel ! Je viens de passer la frontière et la météo est parfaite. Peuterey mon pt’it loup !! »

  •            « Démeeent, Le Niot est bien chaud aussi ! Par contre Moatt est pas dispo… »

  •            « Bahh à 3 c’est pas pire, on répartit le poids dans les sacs, on a plus de places au bivouac… »

  •           « Du coup on reste sur le plan de l’Intégrale de Peuterey ? »

  •         « Ouais, c’est parfait. On est longtemps en altitude, plein Sud, c’est pas horriblement dur et on l’a déjà fait tous les 2 en été… on va cruiser… »




Petit retour en arrière :

L’Alpinisme est une activité pour demeurés! Avoir froid, faim et mal aux pieds. Avoir peur, en chier physiquement toute la journée … Mais il y a quand même une activité pour les encore plus demeurés : L’Alpinisme Hivernal :
Tu choisis une voie qui est déjà bien assez dur en eté. Tu rajoutes encore plus de froid. De la neige partout pour être bien, bien sur d’en chier autant à grimper qu’a te protéger… Tu raccourcis la durée de jour et de soleil. Bien sûr comme tu passes plus de temps en montagne, tu rajoutes du poids dans ton sac déjà bien assez lourd.
Alors t’es pas non plus stackanos… tu choisis des bons copains bien crétins pour être sûr de passer un bon voyage. Le fait d’être collègue au GMHM et d’avoir passé tout l’hiver à s’entrainer pour cette maudite bosse à 8000 t’aides un peu. Tu te trouves presque des bonnes raisons d’y aller : « Avec une météo comme ça on est obligé de sortir… En plus ça colle pile avec l’entrainement… »

Voilà comment tu te retrouves un dimanche matin de l’autre côté du tunnel du Mont-Blanc. Il fait bien froid puisque c’est l’hiver. Il fait bien nuit puisqu’il est 5h00 du mat. Les sacs sont bien lourds puisque tu pars pour 6 jours !





La suite du récit fait parti de ces interminables discours d’alpinistes pédants et pénibles.
La seule chose à retenir et que nous avons bien sous-estimé cette noire de Peuterey. La vierge du sommet a du bien rigolée de nous voir pédaler dans la neige semoule posée sur les vires. Trois jours d’efforts, deux bivouacs dehors,  à utiliser la moitié de nos forces, gaz et vivres…
C’est bien beau de faire du 8a torse nu au soleil, mais quand  tu te retrouves à grimper en crampons avec un gros sac dans le dos dans un bon vieux V+ ya plus grand monde qui rigole hein !!
Après il a bien fallu accélérer un peu, sortir les mains des poches sous peine de mourir de froid et de faim dans d’atroces souffrances que nous aurions bien mérités !








Même avec une ration de ½ repas, la nuit au chaud bivouac Craveri nous remonte à bloc ! La suite de l’itinéraire est vite avalée et malgré les conditions de glace noire sur l’arête de Peuterey nous sortons au sommet du Mont-Blanc de Courmayeur à 18h30, jeudi 13 mars.


Coucher de soleil magnifique sur les Aravis, et le Charvin encore plus magnifique ! Nous arrivons au sommet de notre peine à 20h au Mont-Blanc.


Dernière nuit au goûter, puis 2h de descente jusqu’au téléphérique de Bellevue et nous voici dans les rues de Chamonix. Puants et éreintés ! Nous célébrons notre petite conquête bien inutile et fort agréable à grand coup de burgers et cocas, avec le sourire béat de 3 imbéciles heureux !



L’intégrale de Peuterey en hiver et en chiffres :
-108 barres de céréales (6 par personne et par jour).
-1 corde de 60m et une corde de 60m puis 50 m après les rappels de la Noire.
- 1 jeu de friends du 0,3 au 2 avec 2 petits aliens et un jeu de cablés.
- 1 paire de chaussettes chaude qui fait du base jump dans la face Ouest de l’Aiguille Noire. (désolé mon Niot)
- 4500 m D+
- 3 boîtes de chique.


Tonio

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