mardi 26 janvier 2016

voie Ferroviaire, face nord Aiguille du midi, (V. 6. 1000m)


Au Groupe, nous l’appelons « Papa barbu ». C’est un peu notre grand frère, notre mentor. Celui qui est toujours en place. Toujours motivé, toujours affûté et surtout toujours à l’affut d’un bon plan en montagne. Alors quand Seb Bohin, aka « Papa barbu » nous soumet l’idée de la « voie ferroviaire » en face nord de l’aiguille du midi, nous sautons sur l’occasion avec Nono.
Cette belle ligne, caractérisée par un dièdre qui saute aux yeux a été ouverte en février 2000 par Andy Parkin et Adam Wrainwright. Ce fameux dièdre est bien visible depuis Chamonix et notamment depuis le parking du groupe, ou Séb installe sa longue vue pour « mater les conditions ».

Nous voilà donc partis le lundi 25 janvier avec la première benne jusqu’au plan de l’aiguille. Nous trimballons dans nos sacs, en plus des raquettes de neige pour tracer l’approche, un jeu et demi de Camalot jusqu’au n° 2, un jeu d’Alien et 6 broches (ndlr : au vu des conditions le Camalot n°3  aurait été le bienvenu !).


Pas de matériel de bivouac, encore moins de thermos… 3 barres de céréales et 1/2 l d’eau par personne.
Le père Moatti nous a annoncé avoir fait cette goulotte en 2h corde tendu. Bien sûr il faut savoir déchiffrer le moatt’ et nous rajoutons quelques heures et quelques longueurs pour notre calcul d’horaire. Nous imaginons descendre avec la dernière benne de 16H30 pour savourer une "Corona" en ville. Sereins.
Des l’approche, nous nous relayons pour tracer dans une neige bien sucre… Il nous faut 2h pour atteindre le pied de la goulotte. Nous attaquons par le petit couloir de glace raide (90°) indiqué par le topo. C’est un peu plus « dry tooling » ou « ancrages secs » comme dirait Andy J


Après le premier névé suspendu, nous remontons en corde tendu les dalles verglacées (70°). L’ambiance est démente et la progression rapide dans ces plaquages en neige « couic-couic ».



Au deuxième névé, notre peine et aussi notre capacité à rater la benne commencent à grandir. Les pentes de neige en sucre sont surement agréables pour la bande à Pittin qui enchaîne les Mallory en grandes courbes mais un peu moins pour les alpinistes aux courtes jambes arquées !
Quand Seb prend la tête pour les 3 longueurs clef du dièdre il est déjà bien tard.


La ligne blanche qu’il a repérée depuis le Groupe n’est pas la belle coulée de glace espérée mais plutôt de la poudre aux yeux qui masque les prises du rocher. Ancrages secs encore. Pas facile, pas rapides, nous prenons cependant un grand plaisir à grimper.


16h30. La dernière télécabine et donc notre sésame pour le bistro nous passent par dessus la tête.



Nous terminons en corde tendue les pentes en mixte facile qui mènent à l’arête NW puis à l’éperon Seigneur. Nous sortons au sommet de l’aiguille du midi juste avant la nuit, ce qui nous permet de prendre de jolies photos et de ne pas trop user les pilles des frontales … Une nuit pas top à encaisser mais nous avons connus de pires bivouacs !


Nous redescendons avec la première benne du lendemain. Jean-Yves nous accueille avec un café bien mérité. Une belle manière de conclure une superbe et longue journée en montagne.


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