Ca commence comme ça l’histoire… Et c’est tellement plus facile de fanfaronner depuis le canapé !
- « Salut Seb, bien l’Espagne ? T’as croité un peu ?? T’as vu le créneau de beau pour la semaine prochaine ??? »
- « Ouais Tonio c’est nickel ! Je viens de passer la frontière et la météo est parfaite. Peuterey mon pt’it loup !! »
- « Démeeent, Le Niot est bien chaud aussi ! Par contre Moatt est pas dispo… »
- « Bahh à 3 c’est pas pire, on répartit le poids dans les sacs, on a plus de places au bivouac… »
- « Du coup on reste sur le plan de l’Intégrale de Peuterey ? »
- « Ouais, c’est parfait. On est longtemps en altitude, plein Sud, c’est pas horriblement dur et on l’a déjà fait tous les 2 en été… on va cruiser… »
Petit retour en arrière :
L’Alpinisme est une activité pour demeurés! Avoir froid, faim et mal aux
pieds. Avoir peur, en chier physiquement toute la journée … Mais il y a quand
même une activité pour les encore plus demeurés : L’Alpinisme
Hivernal :
Tu choisis une voie qui est déjà bien assez dur en eté. Tu rajoutes encore
plus de froid. De la neige partout pour être bien, bien sur d’en chier autant à
grimper qu’a te protéger… Tu raccourcis la durée de jour et de soleil. Bien sûr
comme tu passes plus de temps en montagne, tu rajoutes du poids dans ton sac
déjà bien assez lourd.
Alors t’es pas non plus stackanos… tu choisis des bons copains bien crétins
pour être sûr de passer un bon voyage. Le fait d’être collègue au GMHM et
d’avoir passé tout l’hiver à s’entrainer pour cette maudite bosse à 8000
t’aides un peu. Tu te trouves presque des bonnes raisons d’y aller :
« Avec une météo comme ça on est obligé de sortir… En plus ça colle pile
avec l’entrainement… »
Voilà comment tu te retrouves un dimanche matin de l’autre côté du tunnel
du Mont-Blanc. Il fait bien froid puisque c’est l’hiver. Il fait bien nuit
puisqu’il est 5h00 du mat. Les sacs sont bien lourds puisque tu pars pour 6
jours !
La suite du récit fait parti de ces interminables discours d’alpinistes
pédants et pénibles.
La seule chose à retenir et que nous avons bien sous-estimé cette noire de
Peuterey. La vierge du sommet a du bien rigolée de nous voir pédaler dans la
neige semoule posée sur les vires. Trois jours d’efforts, deux bivouacs dehors,
à utiliser la moitié de nos forces, gaz
et vivres…
C’est bien beau de faire du 8a torse nu au soleil, mais quand tu te retrouves à grimper en crampons avec un
gros sac dans le dos dans un bon vieux V+ ya plus grand monde qui rigole
hein !!
Après il a bien fallu accélérer un peu, sortir les mains des poches sous
peine de mourir de froid et de faim dans d’atroces souffrances que nous aurions
bien mérités !
Même avec une ration de ½ repas, la nuit au chaud bivouac Craveri nous
remonte à bloc ! La suite de l’itinéraire est vite avalée et malgré les
conditions de glace noire sur l’arête de Peuterey nous sortons au sommet du
Mont-Blanc de Courmayeur à 18h30, jeudi 13 mars.
Coucher de soleil magnifique sur les Aravis, et le Charvin encore plus
magnifique ! Nous arrivons au sommet de notre peine à 20h au Mont-Blanc.
Dernière nuit au goûter, puis 2h de descente jusqu’au téléphérique de
Bellevue et nous voici dans les rues de Chamonix. Puants et éreintés !
Nous célébrons notre petite conquête bien inutile et fort agréable à grand coup
de burgers et cocas, avec le sourire béat de 3 imbéciles heureux !
L’intégrale de Peuterey en hiver et
en chiffres :
-108 barres de céréales (6 par personne et par jour).
-1 corde de 60m et une corde de 60m puis 50 m après les rappels de la Noire.
- 1 jeu de friends du 0,3 au 2 avec 2 petits aliens et un jeu de cablés.
- 1 paire de chaussettes chaude qui fait du base jump dans la face Ouest de
l’Aiguille Noire. (désolé mon Niot)
- 4500 m D+
- 3 boîtes de chique.
Tonio
-
«