vendredi 20 mars 2015

BUT à la Schmidt - face nord du Cervin


Une hivernale ça commence par un gros sac ; Et c’est encore mieux quand ce gros sac est posé sur les épaules d’un bon pote ! Ca aide à faire passer la pilule, lorsque la voie tant convoitée se solde par un but en beauté !



Il existe 1000 façons de vivre une course en montagne et encore plus de manières de la raconter. Exercice périlleux lorsqu’on essaie de justifier une ligne non réalisée.
Sans fausse modestie, je pense que 2 facteurs sont nécessaires pour la réalisation d’une belle course en montagne : Etre bon et avoir de la chance.
Etre bon dans le choix de la voie, être bon dans la préparation, logistique, être en forme physiquement et mentalement, être bon dans le choix du créneau… Et pour que tous ces voyants soient au vert en même temps, il faut un peu de chance.

Lors d’un échec (ou but) les facteurs de non-réussite sont donc : Ne pas être bon et ne pas avoir de chance. Ces deux facteurs étant liés.

1er constat : Une voie en super bonne condition tout l’automne ne l’est pas forcément en hiver.
2eme constat : Pas de neige collée dans les faces nords autour de Chamonix n’est pas forcément vrai dans toutes les Alpes…

Mercredi 18 mars, 16h nous voici au refuge du Hornli avec ce bon vieux Nono Bayol. Bien décidés à en découdre avec la face Nord du Cervin en hiver.



Tonio : « -C’est bizarre, ça ne ressemble pas du tout à la photo de la semaine dernière. C’était tout sec et maintenant c’est tout blanc. »

Nono : « -C’est super cool. On va Cruiser. Neige couic-couic… dément »

1er feu orange : Ma super frontale++ toute neuve n’as plus de piles (batteries) Je pensais l’avoir rechargée toute la nuit précedente. Echec !

Nono : « -Bah, on ne part pas trop tôt, on Cruise dans la voie de jour et on redors à Solvay dans la descente… »

2eme feu orange : Pas de traces, pas d’autres grimpeurs dans la montagne. La neige a du coller un peu plus dans la face qu’a Chamonix !

Lendemain matin, lever du jour, nous sommes à la rimaye. Nous avons bien tracé toute cette approche. Je ne suis quand même pas très grand mais la neige jusqu’aux genoux m’inquiète un peu…



Nono : « -Bah, une fois passé la rimaye, la face plus raide sera en neige dure. Couic-couic. On va Cruiser… »

3eme feu orange : Une fois passée la rimaye, la couche de poudreuse sans cohésion est bien restée collée à la montagne. Cachant au passage la misère, une pellicule de glace noire posée sur du mauvais rocher.
Nous avançons néanmoins corde tendue dans ces pentes peu raides. 3700m au pied de la rampe, nous avons mis 5h pour faire la moitié la plus facile de l’itinéraire…




Arnaud passe en tête et son éternel optimisme me regonfle un peu :
  « -Bah, je suis sur que ce sera meilleure dans la rampe… »
Une belle longueur de 60m en M1+ lui prend…1h. On ne peut pas dire qu’il soit maladroit dans ce genre de terrain mais les conditions sont vraiment délicates. Il faut déblayer cette neige sans cohésion pour trouver des prises et de quoi se protéger.



Une deuxième longueur, une deuxième heure qui s’écoule et tous les voyants passent au rouge. Une frontale pour 2, pas de matos de bivouac, 600m de face encore à grimper… On se casse !
La décision fait un peu mal au c.l , la descente aussi. Avec l’absence de glace pour faire des bons abalakofs, les relais et pitons recouverts de neige, nous miserons un peu. En prenant notre temps et sans faire (trop) de bêtises nous voilà de retour à la rimaye puis à notre bivouac du Hornli et enfin à Zermatt à la tombée de la nuit. Un bon Kebab (17 euros) et une boite de chique (7euros) nous remettent de nos émotions et nous rentrons un peu penauds à Chamonix.


Il paraît que l’on  apprend plus de nos échecs. Celui la nous aura motivés pour revenir dans cette face nord du Cervin… a fond. Peut être quand elle sera en meilleure condition ;)

Tonio


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