Une
hivernale ça commence par un gros sac ; Et c’est encore mieux quand ce
gros sac est posé sur les épaules d’un bon pote ! Ca aide à faire passer
la pilule, lorsque la voie tant convoitée se solde par un but en beauté !
Il
existe 1000 façons de vivre une course en montagne et encore plus de manières
de la raconter. Exercice périlleux lorsqu’on essaie de justifier une ligne non
réalisée.
Sans
fausse modestie, je pense que 2 facteurs sont nécessaires pour la réalisation
d’une belle course en montagne : Etre bon et avoir de la chance.
Etre
bon dans le choix de la voie, être bon dans la préparation, logistique, être en
forme physiquement et mentalement, être bon dans le choix du créneau… Et pour
que tous ces voyants soient au vert en même temps, il faut un peu de chance.
Lors
d’un échec (ou but) les facteurs de non-réussite sont donc : Ne pas être bon
et ne pas avoir de chance. Ces deux facteurs étant liés.
1er
constat : Une voie en super bonne condition tout l’automne ne l’est pas
forcément en hiver.
2eme
constat : Pas de neige collée dans les faces nords autour de Chamonix
n’est pas forcément vrai dans toutes les Alpes…
Mercredi
18 mars, 16h nous voici au refuge du Hornli avec ce bon vieux Nono Bayol. Bien
décidés à en découdre avec la face Nord du Cervin en hiver.
Tonio :
« -C’est bizarre, ça ne ressemble pas du tout à
la photo de la semaine dernière. C’était tout sec et maintenant c’est tout
blanc. »
Nono :
« -C’est super cool. On va Cruiser. Neige
couic-couic… dément »
1er
feu orange : Ma super frontale++ toute neuve n’as plus de piles
(batteries) Je pensais l’avoir rechargée toute la nuit précedente. Echec !
Nono :
« -Bah, on ne part pas trop tôt, on Cruise dans
la voie de jour et on redors à Solvay dans la descente… »
2eme
feu orange : Pas de traces, pas d’autres grimpeurs dans la montagne. La
neige a du coller un peu plus dans la face qu’a Chamonix !
Lendemain
matin, lever du jour, nous sommes à la rimaye. Nous avons bien tracé toute
cette approche. Je ne suis quand même pas très grand mais la neige jusqu’aux
genoux m’inquiète un peu…
Nono :
« -Bah, une fois passé la rimaye, la face plus
raide sera en neige dure. Couic-couic. On va Cruiser… »
3eme
feu orange : Une fois passée la rimaye, la couche de poudreuse sans
cohésion est bien restée collée à la montagne. Cachant au passage la misère,
une pellicule de glace noire posée sur du mauvais rocher.
Nous
avançons néanmoins corde tendue dans ces pentes peu raides. 3700m au pied de la
rampe, nous avons mis 5h pour faire la moitié la plus facile de l’itinéraire…
Arnaud
passe en tête et son éternel optimisme me regonfle un peu :
« -Bah, je suis sur que ce sera meilleure dans la
rampe… »
Une
belle longueur de 60m en M1+ lui prend…1h. On ne peut pas dire qu’il soit
maladroit dans ce genre de terrain mais les conditions sont vraiment délicates.
Il faut déblayer cette neige sans cohésion pour trouver des prises et de quoi
se protéger.
Une
deuxième longueur, une deuxième heure qui s’écoule et tous les voyants passent
au rouge. Une frontale pour 2, pas de matos de bivouac, 600m de face encore à
grimper… On se casse !
La
décision fait un peu mal au c.l , la descente aussi. Avec l’absence de glace
pour faire des bons abalakofs, les relais et pitons recouverts de neige, nous
miserons un peu. En prenant notre temps et sans faire (trop) de bêtises nous
voilà de retour à la rimaye puis à notre bivouac du Hornli et enfin à Zermatt à
la tombée de la nuit. Un bon Kebab (17 euros) et une boite de chique (7euros)
nous remettent de nos émotions et nous rentrons un peu penauds à Chamonix.
Il paraît
que l’on apprend plus de nos échecs.
Celui la nous aura motivés pour revenir dans cette face nord du Cervin… a fond.
Peut être quand elle sera en meilleure condition ;)
Tonio
bien dit!!
RépondreSupprimerY a pas : J'aime bien comme tu racontes ;)
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