Mon
Chauvinisme en a pris un sacré coup ! Le plus beau couloir des Alpes
françaises ne serait peut être pas à Chamonix !! Déception, défaitisme,
déprime…
Royaume
des grandes montagnes, capitale mondiale de l’Alpinisme, Mecque des couloirs
vertigineux… rien à faire.
Pour
trouver des lignes de fuite de dingue, des passages à 50° et 2m de large il
faut regarder vers les massifs calcaires. Il faut descendre en des endroits peu
fréquentés, presque coupés du monde sans aucune télécabine ! berk.
Et
oui, il faut se tourner vers les Bauges, du côté de la face Nord du Pécloz. Il
fallait avoir l’oeil et l’audace d’aller trainer ses spatules dans ce
« Deprofundis ». Chapeau maître Tardivel pour la première à ski en
2004.
A
couloir exceptionnel, équipe de choc !
Un
peu comme l’agence tout risque, chacun à son rôle à jouer, sa spécificité.
Honneur
à l’investigateur du projet : Thomas Gautheron. En plus d’être un très fin
skieur, on lui doit les belles photos de ce post. C’est un grand honneur car il
ne sort la boîte à images qu’en de très rares occasions. Il se rit de la pente
tel un chamois (son animal totem) et arrive à shooter dans les situations les
plus périlleuses.
Simon
Valque est aussi de la fête. Il s’est fait une spécialité d’attacher ses skis
sur son sac à dos le plus en vrac possible. Son but est de les taper ensuite
dans la tête de ses partenaires de cordée. Après un essai non transformé dans
ce même couloir l’an dernier avec Thomas, il est remonté à bloc pour en
découdre avec ce « Deprofundis » et envoyer la poudre.
Jeremy
Janody est un peu le chef d’expé. C’est presque un local vu qu’il parle le
patois baugien couramment. Il a une liste de croix à faire pâlir tout le petit
monde de la pente raide (sauf Tardivel bien sûr), ce qui ne l’empêche pas de
nous faire rire toute la journée avec d’innombrables calembours et mots fins.
En plus de tout ça il est en train de monter un film digne des nuits de la
glisse (les gros hélicos en moins) sur cette journée mémorable.
Et
votre pas si humble narrateur qui a pour missions:
- De faire la trace dans 1m de poudreuse avec ses jambes de moins d’1m.
- De planter des pitons, alors que c’est rigoureusement interdit.
- De digérer son amertume sur le fait que le plus beau couloir du monde n’est pas à Chamonix.
- D’encaisser les moqueries de la part des 3 autres copains crétins sur le sujet.
L’itinéraire
est très astucieux et bien sympa même à la montée.
Après 300 m peu raides dans
le couloir, on évite la cascade de glace verticale par un passage de mixte où
la corde fixe (en place) facilite bien le boulot. Il faut ensuite traverser à
droite dans de la neige posée sur des dalles de calcaire, puis faire un rappel
de 30 m sur arbre qui nous repose dans le couloir.
On
se relaye pour faire la trace, on châle, on châle (on s’enfonce péniblement
dans une couche de neige profonde, pour les incultes qui ne parlent pas
Chamoniard).
On
arrive au passage de la chatière, intelligente vire vers la gauche qui nous
sort du couloir pour nous amener au pied du « Deprofundis »
Cette
diaclase est un bijou. Moins de 2m de large et raide à quasiment 50°. Le rocher
affleure au milieu… aïe aïe aïe … ça va pas passer intégralement à ski.
Nous
voilà au passage du « M ». On redescend un petit couloir, on en
remonte un puis on en redescend encore un. Un peu comme les pattes d’un
« M » d’ou le nom, hein Simon ;)
On
prend pied dans la grande faille du Pécloz. L’heure tourne et on est un peu
entamés par la trace dans cette belle poudreuse. On s’arrache pour arriver au
sommet de cette grande balafre. Il est 14h30… On est partit à 7h30 de la
voiture et il reste la descente qui n’est pas une tasse de thé.
La
grande faille est super plaisante à skier, mais on ne plaisante pas trop car la
peuf glisse bien sous les pieds.
Le
passage du « M » à la remontée fini d’achever nos petites cuisses et
nous voilà dans le « Deprofundis ».
Pas
facile de déclencher les virages dans un couloir de 2m avec 1,80m au
pied ! Un petit rappel est nécessaire pour passer le ressaut rocheux et on
peut enfin lâcher les skis sur le bas de l’itinéraire.
La
chatière est bien exposée mais facile à skier. Il nous reste à trouver le
rappel de la cascade (équipé de 2 pitons en rive gauche), le descendre skis aux
pieds (30m).
La
partie basse est moins raide, plus large et donc vite négociée. La piste
forestière nous fait glisser doucement jusqu'à la voiture.
17h30.
Soit 10h pour faire l’aller/retour. C’est sûr que pour 1200m de dénivelé,
Kilian Jornet est un poil plus rapide que nous.
On s’en
fiche pas mal et c’est le sourire aux lèvres et la bêtise en nous que nous
allons boire une bière pour célébrer cette journée démente.
Tonio.
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